Cela a été ma cogitation du mois de juillet. Comment vais-je accueillir mes élèves à la rentrée? Assises flexibles, des coins de partout, plus de casier?
Plus j’y réfléchissais, plus cela me semblait compliqué et ce, pour plusieurs raisons:
A la rentrée, tout le monde doit trouver sa place!
Et oui, ce n’est pas évident la rentée. Les enfants ont des appréhensions, je ne connais pas mes élèves, je ne sais pas qui sera capable de travailler avec qui et quel binôme sera insupportable.
Alors forcement, si, le jour de la rentrée, je leur dis « allez, zoouuuuu, on s’installe où l’on veut, mais dans 40 minutes, on change! », je pense que je vais leur faire peur.
Certains enfants ont besoin d’une place attitrée, leur petit morceau de territoire dans ce pays qu’est la classe. Le partage a toujours du bon, mais n’effrayons pas ces enfants qui viennent d’effectuer une année de CP traditionnelle où l’on a passé notre temps à leur demander d’aller s’asseoir à leur place.
A la rentrée on doit instaurer les règles de la classe!
Les règles d’une classe traditionnelle, les enfants les connaissent. J’ai bien dit « les connaissent » et pas les respectent.
J’aime instaurer le calme propice au travail et la collaboration AVANT de leur proposer autre chose.
A la rentrée, on (re)apprend à se déplacer en silence dans le rang (ce n’est JAMAIS gagné, hein? ), on (re)apprend à saluer la maîtresse en rentrant, à s’installer en silence et à sortir ses affaires sans que la maîtresse ne soit là pour vérifier. On (re)apprend à faire ses rituels de façon autonome, à attendre son tour, à se mettre en autonomie quand on a fini, à ranger ses affaires correctement.
Alors oui, tous ses apprentissages sont possibles aussi en classe flexible. Mais la classe flexible est elle-même un apprentissage.
Pour certains enfants, la liberté qu’offre la classe flexible (que l’on propose du travail au sol, du travail en demi-groupe, du travail par îlot… ) est un ticket ingérable pour eux. Ils courent de place en place, sont totalement indécis et en perdent l’importance de la tâche à réaliser.
On peut imaginer un placement ultra-guidé pour parer à cela (toi tu t’assois là et tu fais ça!). Sauf que ce n’est pas ma vision de la classe flexible pour le coup…
Il vaut donc mieux commencer petit, effectuer un changement de place contrôlé (sous forme d’ateliers d’art visuel, par exemple, où tout le monde va se placer à l’atelier qu’il souhaite réaliser) et débriefer après (Cela vous a plu de changer de place afin d’effectuer chacun une tâche différente? Pourquoi? Est-ce que vous souhaitez travailler encore ainsi?).
Bref, instaurer un cadre rassurant pour que les élèves se sentent bien et en sécurité.
Quelle sera la couleur de ma classe?
Ma classe ne ressemblera sûrement pas à celle de l’année passée. On le sait, toute les promos sont différentes. Peut-être que cette promo ne sera pas du tout encline à travailler en ateliers autonomes, à changer de place régulièrement, à faire des choix raisonnés.
On ne calibre pas ses élèves pour les adapter à notre vision de la classe flexible, on adapte la classe flexible à eux. Et les choses qui ont échoué ou réussi avec la promo précédente ne fonctionneront peut-être pas de la même façon avec nos nouveaux élèves.
Mon angle d’attaque? La patience!
Et bien que la patience ne soit pas mon fort, je vais attendre le bon moment, je vais commencer petit. A la rentrée, tous les enfants de la classe auront un bureau ET une chaise (ou un tabouret). Ils seront installés en îlot (ce qui, pour certains, sera déjà très tentant…).
Puis, l’après-midi, nous essayerons de faire 10 minutes de lecture plaisir assis ou allongé où l’on veut dans la classe. Bien sûr, ces 10 minutes seront suivi de 20 minutes de « est-ce que vous avez aimé, quelque chose vous a-t-il déranger, comment peut-on améliorer… ».
Et oui, en septembre, il faudra faire beaucoup de bilans au coin regroupement (seul coin qui sera installé dès le premier jour de la rentrée). Analyser ensemble ce qui marche, ce qui ne marche pas, ce qu’on peut apporter comme solution… Parce ce que ce sont dans les moments comme celui-ci que, moi, je construis la classe flexible.
Samy se balance constamment et il peut se faire mal ? –> Introduction de l’élastique et du ballon
Julie fait trop de bruit en lisant ? –> Introduction du toobaloo et des casques de réflexion
Tom aimerait s’isoler du groupe pour être plus tranquille? –> Introduction des Z-Tools, porte-document et petites tables individuelle
Nana se lève sans cesse? –> Introduction des places debout.
Lucie a besoin d’aide pour réaliser ses exercices? –> Mise en place de la table de travail guidée.
Et ainsi de suite! Tout leur donner de suite, c’est, à mon sens, les noyer sous une tonne d’informations. Mieux vaut donc y aller petit à petit…
Voilà donc pourquoi je ne commencerai pas la classe flexible à la rentrée! Mais SI, ma classe deviendra flexible et évoluera toute l’année!
Et vous quelle sera votre stratégie?
Depuis l’écriture de cet article (qui date de juillet 2018), les choses ont bien changé dans mon école. Les classes de CP et de CE1 sont équipées de matériel flexible et, comme nous sommes en REP, pratiquent le co-enseignement. Ils sont donc habitués au fonctionnement que je leur propose (même si chaque fonctionnement est propre à chacun) Je commence donc l’année en classe flexible. Cependant, les ballons, les z-tools et les tabourets oscillants sont introduits après la première quinzaine
Bonjour,
Je voudrais me lancer mais vue la periode, j’ai du mal à combiner protocole sanitaire et classe flexible…..
Des idées ?
Yasmine
Pour l’instant, à part porter le masque pour toi, pas de restriction au sein de la classe…
Je pense me lancer à la rentrée mais je sais que j’aurais une « fournée » pas évidente… Tes deux articles me donnent des pistes de réfléxion. Merci